L’Homme et l’Animal

Si vous connaissez mon travail jusqu’à aujourd’hui, vous savez ma passion pour les animaux, l’Animal.

Je les ai étudiés techniquement, savoir peindre des poils, des écailles, de la peau et des plumes m’ont demandé un peu de temps. Mais ce qui m’intéressait davantage dans ce choix, c’était de rendre les portraits expressifs. Comment ? En travaillant notamment le regard. Ainsi l’air sévère de la chouette ou celui navré de l’ourson s’affranchissent de la maîtrise technique. Ils naissent de la relation avec le modèle dans lequel je projette parfois mon ressenti, ou celui que j’attribue à d’autres. Ces animaux en portraits révèlent ce qu’on attribue à des attitudes humaines par projection.

Échanger les rôles

Je souhaitais que l’on voit dans mes toiles l’animal dans sa grandeur, avec un statut égal à celui de l’homme, notamment dans les grands formats qui leur donnent plus de force.

Une poule qui devient inquiétante remplit la fonction que je lui donne : ce n’est plus un petit être inoffensif, c’est un être à part entière qui impose le respect.

Pour aller plus loin dans ce rapport homme-animal, j’ai commencé à créer cette série « Animal social » où l’animal est toujours au centre du sujet. Son portrait est cette fois mis en scène. L’homme y est présent, de manière frontale (lecteur sur l’épaule du pigeon, bébé dans les bras de la vache), suggérée (plongeur dans le bocal, poupée), ou implicite (par le biais d’un produit manufacturé).

Les rôles y sont simplement échangés, sans violence, en simple constat du ridicule de la situation. Ce n’est pas une série moralisatrice, elle est certes malaisante car elle remet en question notre impact sur le monde animalier. Dont ne l’oublions pas, nous faisons partie en tant qu’espèce.

Habiller les animaux n’est pas nouveau. Pour moi il est un moyen simple de combler ce fossé qui nous sépare. Le vêtement et le verbe sont les éléments visibles de cette distinction, suffisent-ils à cette domination qui nous semble légitime ?